L'Exposition. Reflets de lune 8 / 13


SOLITUDE... MULTITUDE

 
 

L'image d'un jour particulier aux équilibres fragiles, entre vide et plénitude. Une certaine harmonie règne à cet instant, perceptible entre le temps, la lumière et l'espace. Une vibration de l'air où l'on se sent un peu mieux, quelques secondes. Tout ici semble être l'expression d'une liberté, mais c'est aussi celle de la solitude. Les autres, les grands, sont ailleurs entièrement tournés vers leurs occupations qu'ils ne partagent pas toujours. Parce qu'ici, lorsqu'on est enfant, il y a le monde des grands et celui des petits. Plus tard, la mémoire aura du mal à se souvenir de ces instants de grâce, elle n'aura retenu que l'abandon.

Là-bas, c'est tout le contraire. On est rarement seul, même si l'on est très pauvre, malade ou fou. À nous qui sommes si souvent seuls dans notre société dite " avancée ", il est assez difficile d'imaginer cette appartenance à un groupe de cette importance. Partage des biens, des tâches, des soucis, du temps. Partage quotidien de génération en génération, sentiment naturel du partage. Là-bas, l'effort n'est pas de partager, l'effort est dans la rareté des moyens, dans le presque rien à partager. Pourtant, si jusque-là le groupe était fort, les temps modernes risquent de changer cet équilibre. La tendance est à la force solitaire et au chacun pour soi...

LES VIEUX

 

Ici, être un vieux autorise un sentiment de fierté. Si le temps a un peu usé les forces de cet homme, il n'a pas dévalué sa parole et son regard. Au contraire, le temps a façonné un être dont il ne vient plus à l'idée de personne de discuter la pensée. On lui reconnaît une sagesse rassurante vers laquelle tout converge. Lorsque cela va mal, c'est lui qui apaise les esprits, lorsque cela va bien, il est le garant de cette harmonie. Ici, on dit que l'âge est un " diplôme ", ce qui veut dire aussi que la jeunesse doit savoir attendre son tour !

Là-bas, il en est autrement. L'âge est une usure. Ce qui fait les forces de la vie semble s'être éloigné. La solitude s'installe, pas forcément désespérante, mais le temps devient long tout de même. Le progrès est inutile, d'ailleurs il arrive trop tard. Au contraire, ce sont les souvenirs et les objets d'antan qui rassurent. L'espace se vide petit à petit, le temps de l'accumulation est fini. Doucement l'essentiel se précise jusqu'au point final...


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