Partout
dans le monde, le marché est le lieu où se reflète
le plus fidèlement le caractère particulier d'un pays.
Ici, on va au marché comme on va au bistrot, pour y rencontrer
des amis et glaner les dernières nouvelles. Et puis pour une
fois on prend le temps, celui que l'on n'a jamais. On imagine au fil
des étals les repas à venir, que l'on partagera avec
ceux que l'on aime. Il y plane un parfum de fêtes possibles.
Les gens de la ville y ont un peu l'impression de se rapprocher des
champs. Ceux de la campagne tentent de résister à la
tentation facile des grands commerces aux étales bien remplis,
mais sans regard pour se rassurer. |
Là-bas,
le marché est le centre du monde. C'est au marché que
l'on trouve ce que l'on cherche et même ce que l'on ne cherche
pas, y compris de bonnes raisons de palabrer. Il semble que le temps
ne compte pas dans cet espace, où chacun retrouve sa place
jour après jour dans ce grand fouillis, finalement très
savamment ordonné. Il n'y a pas d'étiquette, pas de
prix. Ce sont les regards et les mots qui font et défont la
valeur des choses. Ne pas marchander est impoli, trop discuter aussi.
Seule la patience n'est pas à vendre, elle appartient à
tous. |
Ici,
le coiffeur, c'est pour les hommes, pas pour les femmes. Depuis toujours,
les femmes se font belles entre elles. Elles prennent ce temps-là
qui n'appartient qu'à elles. Un temps où elles partagent
les sourires heureux de leurs secrets, tandis que les garçons
sont ailleurs. Une coiffure, c'est pour longtemps et c'est très
long à faire, alors il ne faut pas se tromper. Dans les villes
il y a des coiffures à la mode qui apparaissent sur les murs,
dans les rues, dans les magazines ou à la télé.
Mais dans les petits villages, c'est dans le regard de l'autre que
l'on trouve ce qui nous va. |
Là-bas,
le coiffeur c'est plutôt une affaire de femmes. Les hommes aussi
y vont, mais assez rapidement entre deux rendez-vous, déjà
pressés d'en sortir avant que cela commence et avec l'espérance
de ne pas avoir l'air d'en sortir quand c'est fini. Tandis que les
femmes, elles, dégustent cet instant-là comme une parenthèse
qu'elles s'offrent. Il y a beaucoup d'espoir dans ces regards pour
l'apparition promise de ces beautés, pas tout à fait
prêtes!!! |