Un
soir, entre femmes, à la lueur d'une lampe à pétrole,
dans le calme de la nuit africaine. Dans l'intimité secrète
de l'espace qui les entoure, à cet instant où le poids
du jour s'estompe un peu, les jeunes filles parlent ensemble de la
vie qui vient vers elles. Femmes en devenir, épouses, mères...
Ici, comme toutes les jeunes filles du monde, elles imaginent, elles
font le rêve d'un homme qui voudra d'elles pour fonder une famille.
Certaines le choisiront, d'autres n'auront pas ce choix. Les unes
et les autres tenteront d'être heureuses.
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Là-bas,
une jeune fille se prépare pour l'instant le plus important
de sa vie : son mariage. Pour le regard ému de ses petites
compagnes, elle est 1'héroïne de cette journée.
Sorte de fée immaculée, un peu lasse parfois, inquiète
devant l'enjeu qui s'annonce, mais heureuse, beaucoup plus encore
que son cur ne peut le lui dire. Autour d'elle, se tiennent
hors champ, mais pas très loin, la famille, le père
et la mère à la larme facile, les anciens copains un
peu moqueurs. Aujourd'hui est le premier jour d'une histoire qui commence.
D'autres instants viendront s'y inscrire peut-être plus importants
encore
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Il y a quelque chose d'inquiétant dans la demande. Ici,
on n'est pas habitué à tant d'impudeur. Envoyer ce message
muet à on ne sait qui, on ne sait où. Se découvrir
à ce point. Mais on est à l'âge où lorsque
les aînés le décident, il faut obéir. Ce
qui n'empêche pas d'afficher son inquiétude, son mécontentement,
sa révolte. Le dessin lui est aimable, il raconte avec les
mêmes signes que ceux des autres continents, les mêmes
histoires de bonshommes et de maisons. Seules les coiffures sont un
peu particulières, et les maisons sont des églises !
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Là-bas,
on n'est pas plus sûr de soi qu'ailleurs. Mais le dessin peut
remplacer les mots à l'âge où il est difficile
de se faire écouter par les grands. Pourtant le regard appuyé
dit bien que l'on a quelque chose à dire, mais ça ne
suffit pas. Là aussi il est question de maisons et de bonshommes.
On se dessine grand et les autres petits, c'est une habitude et ça
fait du bien. Ici on se préoccupe aussi du soleil, parce qu'il
manque trop souvent.
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