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L'Exposition. Reflets de lune 10 / 13


FIERTÉS !

 
 

Un homme d'ici, au regard fier. Fier d'être là, à cet instant précis où il croise le regard d'un étranger. À moins que ce ne soit l'âge et les difficultés d'être sur ces terres sèches comme une rivière sans eau, qui ont lentement façonné ce visage digne. À moins que ce ne soit les outils tortueux qui obligent cette raideur. À moins que ce ne soit un reproche à cet appareil de métal noir qui vole les images au temps, sans avoir échangé assez de mots pour se connaître. À moins que ce ne soit un salut aux inconnus de l'autre continent. Un regard digne, mais fier quand même !

Là-bas, le regard du vieil homme aussi contient de la fierté. Il interroge, moque un peu, émet un doute, puis s'entête tout à fait. Le visage au béret semble dire au visiteur indiscret : " Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? On y va ? Vous n'osez pas me suivre, hein ? Il fait si froid. Ça ne fait rien, j'ai l'habitude d'être seul. Allez, je vous laisse". L'instant d'après, le regard du vieux quittera l'appareil noir pour les horizons vides de l'éternelle fenêtre… Le béret, l'œil et la bouche disent la même chose : " Salut " !

APPRENDRE... RÉUSSIR
 
 

Ici, l'école est obligatoire, ce qui veut dire que pour beaucoup d'enfants, le rêve serait de ne pas y aller. S'échapper où bon leur semble, dans cet ailleurs où rien ne serait obligatoire et tout autorisé. C'est que l'école devrait apprendre à ces petits cerveaux en construction, bien avant de s'attaquer à l'apprentissage de la lecture ou du calcul, qu'elle est une chance pour ceux qui y ont accès. Mais l'école sait aussi apprendre le rêve, la révolte, l'invention...

  Là-bas, aller à l'école c'est avoir déjà une chance que beaucoup n'auront pas. Une chance, parce que né au sein d'une famille à l'esprit plus ouvert que les autres. Parce qu'appartenant à un groupe qui accepte de se séparer de ces jeunes bras. Parce qu'un père mise sur une vie meilleure pour l'homme que va devenir son fils, ce qui est encore rare, ou pour la vie de femme de sa fille, ce qui est encore plus rare. Alors quand on est l'enfant de ces chances-là, on le sait. Et l'on s'applique, jusqu'à ne plus dormir pour être assuré le moment venu de réussir ces examens redoutables.
Et surtout on n'oublie jamais ce que l'on doit à ce père qui a permis cela.

 


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